Ambohitrimanjaka : entre histoire royale et tradition

Ambohitrimanjaka, une commune rurale pittoresque, se niche dans le district d'Ambohidratrimo, au cœur de la région Analamanga. Située à une dizaine de kilomètres seulement de la capitale, elle est bordée par les rivières de l'Ikopa au sud-ouest et du Sisaony au sud.

Avant de plonger dans les détails de son riche passé, il est bon de savoir qu'Ambohitrimanjaka fut la résidence de Ramisavola, l'une des épouses du Roi Andrianampoinimerina. Cependant, l'existence de ce village est bien antérieure à cette période royale.

Cour de l'ancien Rova convertie en lieu de culte

Un Refuge Historique

Dans les temps anciens, Ambohitrimanjaka était une modeste bourgade de l'Imerina, habitée par les Vazimba. Les premières narrations historiques la décrivent comme un lieu de refuge pour les victimes ou les perdants des guerres qui ravageaient alors l'Imerina.

Parmi les figures les plus emblématiques de cette époque, on retient ANDRIAMBE, rebaptisé plus tard RAVODIHAZO. En s'y établissant, il renomma la bourgade Tafohasina. Ce nom, qui caractérise bien le lieu comme un village de réfugiés et d'exilés, fut donné en l'honneur d'Andriamanjakatokana.

L'Empreinte d'Andriamanjakatokana

Angle différent de l'ancienne cour royale, aujourd'hui constituée de temple et d'habitations

C'est sans doute Andriamanjakatokana qui a le plus marqué l'histoire d'Ambohitrimanjaka. À cette époque, ANDRIANTSITAKATRANDRIANA, le roi d'Antananarivo et fils héritier d'ANDRIANJAKA, prit conscience de l'importance économique de la plaine du Betsimitatatra. Il entreprit alors la construction de la digue sur la partie ouest d'Ankadimbahoaka, afin d'étendre les rizières.

Le roi eut pour première épouse RAVOLOLONTSIMITOVY, avec qui il eut un fils, ANDRIANTSIMITOVIAMINANDRIANDEHIBE. Sa seconde femme, RAFOLOARIVO, lui donna un autre fils, ANDRIAMANJAKATOKANA. Ce dernier fut placé à Alasora, tandis que l'aîné monta sur le trône d'Antananarivo.

Jaloux de l'affection que son père portait à son jeune frère, l'aîné décida d'incendier le palais de ce dernier à Mahatsinjo Alasora, causant des dégâts considérables. Andriamanjakatokana, de nature pacifique, choisit de ne pas entrer en guerre avec son frère. Il emmena sa mère et s'installa à Tafohasina, où ils furent plus tard inhumés.

Accueillis par Andriambe, le maître des lieux à Tafohasina, Andriamanjakatokana et sa mère gagnèrent rapidement le respect des habitants, devenant en quelque sorte des seigneurs souverains. C'est ainsi que Tafohasina devint Ambohitrandriamanjakatokana, pour finalement évoluer jusqu'à son nom actuel : Ambohitrimanjaka.

Plus tard, Andriamanjakatokana eut un fils, ANDRIAMANJAKATOKANA II, et une fille, RASOAVONINKAZO, avec RATSIMIVEH. Tous deux furent enterrés à Anosivato.

Ambohitrimanjaka

Intérieur du tombeau royal devenu un lieu de culte

Aujourd'hui

Le village perdure encore aujourd'hui, s'étant étendu pour devenir une vaste commune rurale, notamment réputée pour sa production artisanale de briques rouges.

Bien que le développement urbain et économique ait en partie modifié son aspect d'antan, Ambohitrimanjaka a su préserver, tant bien que mal, le charme authentique d'une bourgade Merina. Les rangées de maisons traditionnelles, entièrement construites en briques de terre rouge et coiffées de toits de chaume, en témoignent encore.

Parmi les rares vestiges du passé que l'on peut admirer, les tombeaux royaux sont devenus de véritables lieux de culte, attirant toujours l'attention.

Aujourd'hui, une grande partie de la population s'est orientée vers le commerce et d'autres métiers plus lucratifs, délaissant quelque peu la vie rurale. Cependant, un nombre significatif d'agriculteurs et d'éleveurs continuent de maintenir les traditions locales.