AMBOHIDRABIBY – L’une des premières collines sacrées de l'Imerina

Ambohidrabiby est un village situé à 22 km de la capitale, sur la Route Nationale n°3, dans le district d’Avaradrano.


Tombe de Rasendrasoa - Une des femmes officielles d'Andrianampoinimerina

Géographiquement, le village est perché sur le haut d’une colline, ayant comme voisins : Ambohimanga à l’ouest, Ambohitrandriananahary au nord-est, Ilafy et Antananarivo au sud.
Accessible par taxi-brousse et une petite dose de marche, le village est facile à trouver, grâce aux indications (bien que quelque peu disparates à cause du manque d’entretien) sur le long du chemin.

L’origine du nom

Comme tant d’autres, l’histoire d’Ambohidrabiby (du moins, le peu qu’il en reste) est relatée à travers les traditions orales. Du coup, de nombreuses versions existe, mais libre à nous d’essayer de faire le point.

Fondations de l'ancien Palais

Tout d’abord, il convient de rectifier une erreur monumentale que la majorité des gasy commettent, la colline s’appelle « Ambohidrabiby » (littéralement le village de Rabiby) et non AmbohiTrabiby, qui signifie le village des animaux.

Selon une tradition orale, la colline se nommait jadis, « Ankotrokotroka », car un Roi adroit dans la manipulation de la foudre occupait les lieux avec ses sujets.
Vers le début du 16ᵉ siècle, on rapporte qu’un Arabe nommé Habib monta sur les hauts plateaux de l’Imerina quand son bateau échoua sur les côtes de l’île. Avec lui, un autre Arabe célèbre, AliTowarath, qui décida de rester sur les côtes pour fonder l’un des plus grands clans ethniques de Madagascar.

Quand Habib arrive sur les hauts plateaux, il prit pour femme la fille d’un souverain d’Ambohitsitakatra (royaume d’Anjozorobe) nommée Ramaintsoakanjo. Ils vécurent longtemps sur les lieux jusqu’à ce qu’Habib décide d’aller prendre la colline d’Ankotrokotroka, ce qu’il fit assez aisément selon la légende. Son nom fut malgachisé en RABIBY et en s’installant sur la colline, on renomma les lieux « Ambohidrabiby ».

D’autres hypothèses existent quant à l’attribution du nom de la colline, mais j’ai choisi de ne relater que cette version, étant celle qu’on m’a appris le premier.

Les tombeaux des souverains et de leurs proches



Ce que l’on sait de Rabiby

L’histoire rapporte que jusqu’au 17è siècle, de nombreuses familles souveraines venant d’Arabie sont venues migrer vers les terres malagasy. Ses gens longeaient les côtes est de l’Afrique pour débarquer principalement dans la partie nord de l’île.

Habib ou Rabiby, faisait partie de ceux-là. Une fois débarqué à Vohémar avec plusieurs sujets, il décida de s’avancer vers le centre de l’île pour arriver à Anjozorobe.
À l’époque, Anjozorobe fut déjà un grand royaume, perpétué entre les descendants du grand Roi Andriatomara (lui aussi descendant de migrateurs venus habiter sur l’île).

Ornement du nouveau portail du Palais - Réalisé en 2018


Rabiby était un très grand devin, on lui attribue un adage malagasy qui dit « Aza misy miseho mahita volana alohan’i Rabiby », qui signifie : nul ne peut prétendre voir la première lune à part Rabiby.
Il fut le premier à renommer les jours et les mois malagasy, conformément à sa foi musulmane.

Rabiby était un souverain craint et respecté, si fort était sa renommée qu’elle dépassa les frontières de l’Imerina et arriva jusqu’aux contrées de l’Imamo. C’est pourquoi, le seigneur de l’Imamo à l’époque, Andriambahoaka fit un pacte avec Rabiby pour préserver la paix.

Avec sa femme Ramaintsoakanjo, il eut deux filles (sans compter qu’il ait pu en avoir d’autres avec d’autres femmes) : Rabefaravolamanjaka et Ramaintsoanala.
Il maria l’aînée avec Andrianamboninolona (le cadet de la Reine Rafohy d’Alasora) et la cadette à Ralambo (fils d’Andriamanelo, Roi d’Alasora à l’époque).

Tombeaux royaux. De g à d : les enfants du Roi Ralambo, Ratsitohinamanjaka sa femme, Ralambo



Le Roi Ralambo

Là aussi, il existe de nombreuses versions qui au final, se rejoignent sur une idée principale. On ne va pas se pencher sur les différents courants, mais on va juste relater une histoire.
Ralambo est le fils de Ramaintsoanala (renommée plus tard Randapavola). Selon la tradition, c’est l’aîné qui devrait hériter du trône avant le cadet. Seulement, le trône fut remis à Ralambo, qui dit-on, était né sous une très bonne étoile (mahery vintana) et qui tôt ou tard aurait pris le pouvoir dans les mains de son aîné.

La naissance de Ralambo fut difficile, car elle n’arriva qu’au bout de six fausses couches. Pour que la septième soit la bonne donc, il a fallu l’intervention d’un devin pour déterminer le lieu exact où se déroulera l’accouchement. Celui-ci conseilla que la naissance devra avoir lieu sur la rive Nord du fleuve de l’Ikopa, et c’est à Ambohibaoladina, près d’Ambohimalaza que Ralambo vit le jour. On renomma par la suite sa mère Randapavola.

Le bâtiment servant de musée ouvert au public
Une fois sur le trône, Ralambo fut parmi les plus grands souverains qu’ont connu le royaume Merina. Il succéda à son père Andriamanelo, mais décida d’établir le siège de son royaume à Ambohidrabiby et non à Alasora. Il a préféré rester sur les terres de son grand-père maternel avec sa famille les Andriandoriamanjaka (les descendants de Rabefaravolamanjaka avec Andrianamboninolona).

Ralambo fut le premier souverain à se mettre en quête d’étendre le territoire de son royaume, par exemple, il envoya son fils Andrianjaka jouer sur la colline d’Ambohimanga alors que celle-ci est encore occupée par des vazimba. Il chassa également Andrianafovaratra de son royaume à Imerinkasinina.

Il fut aussi le premier qui a fait goûter la viande de zébu sur les hautes terres. C’est depuis que ces animaux sont autorisés à entrer dans l’espace royal.

Vestige de l'ancien portail du Palais



L’organisation de la colline

Digne héritier de son père, Ralambo organisa le territoire afin d’y faire régner l’ordre et de développer rapidement le royaume. L’espace social à Ambohidrabiby fut organisé comme suit :
- Au centre, au point le plus élevé, se trouvait le palais où il résidait, entouré de la place des discours, l’emplacement de ses proches parents et des hauts représentants de son peuple.
- À l’est, résidaient les Zanakarivo ou les serviteurs-courtisans.
- Au nord, les Zanadoria (Andriandoriamanjaka), les conseillers du Roi
- Au sud, ses enfants ou les ZanadRalambo

Concernant les tombeaux, les seuls qui pouvaient avoir droit à une dernière demeure dans le territoire royal étaient les anciens souverains dont les descendants pourraient aussi le devenir.


Ancienne appellation du zébu

Le portail par laquelle on fit entrer un zébu pour la première fois dans le territoire Royal


Ambohidrabiby actuellement

Maison traditionnelle plus ou moins modernisé au sommet de la colline

Aujourd’hui, le village s’est modernisé (électricité, réseaux téléphoniques…), sans pour autant courir à corps perdu vers le progrès. L’ambiance qui y règne respire bon la campagne, de même pour les infrastructures, comme les maisons traditionnelles en pierre et les ruelles poussiéreuses.

L’emplacement de l’ancien palais a été clôturé par les villageois pour préserver ce qui reste du patrimoine. Patrimoine composé de plusieurs tombeaux (dont ceux de Rasendrasoa femme d’Andrianampoinimerina, Rabiby, Ralambo et leurs familles).
Un musée a été aménagé sur le lieu de l’emplacement de l’ancien palais, il contient des images et des dessins de ce qu’aurait pu être l’histoire et la vie de la colline.
On retrouve encore également quelques vestiges des anciens portails de pierre, ainsi que des vielles tombes dont on ne saurait identifier de nos jours.

Le village de Fonohasina


En visitant Ambohidrabiby, il est indispensable de jeter un œil sur les villages environnants qui constituent une partie intégrante de l’histoire de lieux. Car, même s’il s’agit d’une colline sacrée, il s’agit aussi de la capitale de l’un des plus grands royaumes du pays.


Une autre colline sacrée, découvrez également Ikaloy

Photos en vrac :


Chemin menant à l'entrée du Rova
Plaque quasi illisible montrant la direction du Rova
Nouveau portail réalisé en 2018

Tombe de Rasendranoro


Vestige de l'ancien portail du flanc Ouest

Une grande cuve appartenant à Jean Laborde - pour la fabrication de poudre à canon



Maisons et clôtures traditionnels de Fonohasina - Le village des tânneurs
Le village d'Ambodifahitra

Colisée d'Ambodifahitra



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2 Commentaires

  1. Bonjour,

    Nous sommes très fiers d’avoir reçu votre nomination aux BOMBS de 2019 par un de vos lecteurs dans la Catégorie « Kolo Gasy ».

    Nous avons noté l’originalité de vos posts notamment en terme de culture et d’histoire. Il est important de noter que l’audience sur Internet est composé de locaux et de visiteurs potentiels. Or les Malgaches résidents qui ont accès à Internet n’ont paradoxalement aucun intérêt à rechercher sur leur pays et inversement les touristes ne se basent que sur des écrits de….touristes ou experts étrangers. De la façon dont on voit les choses, très rapidement nous perdrons très vite à la course au savoir et à la préservation de notre patrimoine. Il se doit d’être approprié certes mais surtout conservé. La forme numérique est la plus accessible et chaque génération se doit de poursuivre le travail.


    Les nominations aux BOMBS se clôturent le 31 Décembre 2018 et les lauréats seront annoncés par le 15 Janvier 2019 par le Jury. Vous pourrez inciter vos lecteurs à continuer de vous nominer par ce lien : https://bestofmalagasyblogs.wordpress.com/ et encore une fois Félicitations !

    Merci

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  2. aiza ary ireo tena terak'Ambohidrabiby no dia navela natao toy ny zaridaina fitsangatsa'ganana ilay faritry ny rova.

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Une chose à dire? Allez-y!!!