Le rova de Fenoarivo – un refuge clé pour des grandes dynasties Merina

Des palais et autres éléments du Rova, il ne reste plus que les tombeaux

Cap sur Fenoarivo ! Une commune rurale d’Antananarivo Atsimondrano située sur la route nationale numéro 1.

Il fut un temps où Fenoarivo vibrait au rythme d'événements marquants. Aujourd'hui, ce lieu chargé d'histoire lutte pour ne pas sombrer dans l'oubli, étouffé par les promesses d'une urbanisation qui patine, laissant derrière elle un sentiment de stagnation et de potentiel inexploité.

Comme à l'accoutumée, nous allons surtout parler de l'histoire du village, en nous concentrant davantage sur le Rova. Car oui, il y avait bien un Rova à Fenoarivo où siégeaient ses seigneurs du temps des Rois, et pas des moindres.

Ce pan de l’histoire de Fenoarivo se dévoile à travers les époques, marquées par des figures royales et des destins croisés.

Maison contemporaine bâtie sur un autre lieu historique dans la contrée de Fenoarivo


Andrianamboatsimarofy : Un règne puissant, une chute retentissante

Andrianamboatsimarofy régnait sur l’Imerinatsimo, un vaste territoire dont la puissance inspirait la crainte chez de nombreux seigneurs contemporains. Son influence s'étendait jusqu'à Fenoarivo où, à une certaine époque, il décida d'installer sa fille Ravaonimerina et son fils Ramaromanompo, qu'il plaça à Ambohijoky.

Le destin de Ravaonimerina était scellé : elle devait épouser le roi Andrianampoinimerina, tout comme Ralesoka était promise à Andrianamboatsimarofy. De cette union dépendait une alliance symbolisée par la célèbre sentence de l'époque : « Si Ravaonimerina n’est pas l’épouse d’Andrianampoinimerina, qu’elle retourne à la terre stérile d’Ambohimanga. Et si Ralesoka n’est pas l’épouse d’Andrianamboatsimarofy, qu’elle retourne à la terre stérile d’Antananarivo. »

Maison traditionnelle visiblement à l'abandon, clôturée par un mur en briques

Cependant, ce pacte matrimonial fut rapidement rompu lorsque Ravaonimerina fut donnée en mariage à un prince d’Ambohidratrimo. Offensé, Andrianampoinimerina lança alors une offensive contre Antananarivo, la capitale du royaume d’Andrianamboatsimarofy, et finit par s'emparer du trône après trois assauts successifs. À chaque offensive, le souverain déchu trouvait refuge à Fenoarivo, laissant Antananarivo sous la protection des Manisotra. Lors de la troisième attaque, la victoire d'Andrianampoinimerina fut décisive, contraignant Andrianamboatsimarofy à quitter définitivement le trône pour s'établir à Fenoarivo. Le nouveau roi, magnanime, lui accorda néanmoins le pouvoir de régner sur Anosizato et Ambodirano.

Deux ans après son exil, Andrianamboatsimarofy s'éteignit et fut inhumé avec les honneurs à Fenoarivo. Son fils, Ramaromanompo, lui succéda à la tête d’Anosizato et d’Ambodirano, choisissant Ambohijoky comme capitale de sa seigneurie.

L'ancienne cour du Rova : les tombeaux, l'arbre sacré, la maison ancestrale des anciens seigneurs des lieux

Le règne de Ramaromanompo dura cinq ans. Il espérait une continuité pacifique, mais Andrianampoinimerina ne l'entendait pas ainsi et entreprit de l'attaquer et de le vaincre.

Pour parvenir à ses fins, un doyen du clan Maromena de Fenoarivo trahit Ravaonimerina et Ramaromanompo en prêtant allégeance à Andrianampoinimerina. Il persuada l'héritier de s'éloigner des Manisotra et de se réfugier à Fenoarivo, facilitant ainsi la tâche au roi d'Avaradrano pour s'emparer du pouvoir.

Cependant, le vainqueur fit preuve de clémence et exila Ramaromanompo à Mangarano Imerimandroso. Parallèlement, il prit Ravaonimerina pour épouse, lui confiant la surveillance du village.

À la mort de Ramaromanompo, le roi ordonna le rapatriement de sa dépouille afin qu'elle repose auprès de son père à Fenoarivo. Ramaromanompo avait une fille, Ravaomanjaka, qu'Andrianampoinimerina prit également pour femme. Cette dernière joua un rôle de premier plan lors des discussions avec Andriantsihanika, lui cédant les territoires d’Ambohimiarina et d’Analanakoho.

Entre-temps, une partie des Manisotra nourrissait l'espoir de restaurer Ramaromanompo et Ravaonimerina sur le trône de Fenoarivo et de lui rendre son indépendance tant qu'ils seraient en vie. Informé de leurs manœuvres, Andrianampoinimerina fit ramener Ravaonimerina et Ravaomanjaka à Antananarivo afin de calmer les ardeurs des mutins. Cette mesure s'avérant insuffisante, il décida de les faire exécuter, ainsi que leurs partisans, pour mater définitivement le mouvement.

Quant à Fenoarivo, Andrianampoinimerina décida, suite à ces événements, d'y installer l'une de ses femmes, descendante d’Andrianambonimena. Cet acte marqua le début de la deuxième ère de Fenoarivo, celle des descendants d’Andrianambonimena et Andriamohara.

Vestiges de "tamboho ancien"


Ravolamisa : La source d'une nouvelle dynastie


Andrianampoinimerina plaça une autre de ses épouses, Ravolamisa, à Fenoarivo. À peine âgée de treize ans, elle était peu encline à s'investir dans ce lieu, au point que sa sœur Razafitrimo vint la rejoindre. Fidèle à sa stratégie, le roi prit également cette sœur pour épouse.

En raison du jeune âge des deux sœurs, le roi n’avait pas suffisamment confiance pour les laisser seules lors de ses déplacements hors de l’Imerina. C'est pourquoi il les emmenait avec lui lors de ses expéditions, les laissant en lieu sûr sur son chemin pour qu'elles attendent son retour.

Plus tard, les descendants des deux sœurs s'unirent par des mariages afin de préserver la pureté du sang royal. Les deux sœurs, ainsi que leurs descendants, reposent dans le tombeau le plus au nord de la cour.

Malgré son jeune âge, Ravolamisa connut de longues années de vie conjugale à la cour royale. Il était donc naturel qu'elle ait vécu la mort du roi et l'avènement d'autres souverains.

Andrianampoinimerina et Ravolamisa eurent trois enfants : Andriantolorana, père de Rangoriombonana ; Andriamparany (premier époux de Ranavalona I) ; et Ramanjakaray.

Fille unique, Ramanjakaray et ses descendants occupent une grande partie des tombeaux situés dans le rova de Fenoarivo. Elle épousa Andrianjakakiry, un aristocrate de l’Imamo à Imerintsiatosika. De leur union naquit Andriantefy, qui épousa Ramasindraibe à Masoandro. Ils eurent plusieurs enfants, dont Ravelonanosy et Razafindramisa. La cadette fut appelée à la cour après la mort de la reine pour lui succéder, mais elle refusa, ne souhaitant pas épouser l’époux de la reine (Rainilaiarivony). Plus tard, elle se maria au prince Ratahiry (Andriatahirinimerina), fils de Rasoherina. Leurs descendants reposent dans les tombeaux au sud de ceux de Ravolamisa et Razafitrimo.

On raconte que l’emplacement de ces tombeaux coïncidait autrefois avec celui d’Andrianamboatsimarofy, avant son transfert à Antsahadinta. Ce transfert, effectué dans la précipitation d'une nuit noire, aurait empêché de récupérer les restes de Ramaromanompo.

Le rova de Fenoarivo en 2025

Le territoire du rova s’est considérablement réduit au fil des ans, en partie en raison de l’implantation du bureau de la commune, d’un terrain de sport et de l’aménagement de la route nationale 1. Cependant, au sein du rova, on peut encore observer un arbre témoin de l’histoire dont le nom est oublié, des demeures familiales toujours habitées, ainsi que les tombeaux alignés.

Je conclus ce billet sur une note amère : le rova de Fenoarivo recèle une richesse historique considérable qui ne demande qu'à être découverte. Pourtant, à l'instar de nombreux autres sites culturels et symboliques de l'Imerina, il sombre dangereusement dans l'oubli.

Merci d'avoir lu et à bientôt pour d'autres récits.

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