Ambohimandrosohasina Mandiavato

Ambohimandrosohasina est un village situé sur une petite colline à l’est d’Ambohimanga. Le « petit » village est chargé d’histoire, tant par son affiliation à la lignée monarchique du royaume de l’Imerina que par sa valeur culturelle.

Une forêt naturelle bien préservée et pleine de vie

Localisation d’Ambohimandrosohasina

Ambohimarirana vue de loin

Ambohimandrosohasina fait partie du territoire de l’Avaradrano, dans la région Mandiavato . En empruntant la route nationale n°3 vers Anjozorobe, vous bifurquez sur la gauche à 4 km avant d’arriver à Talatavolonondry.

Aux temps actuels, le village fait partie du quartier d’Ambodiala, dans la commune de Talatavolonondry, à une trentaine de km de la capitale.

Notre itinéraire nous amènera à passer par la colline d’Ambohitrolombelona

Ambohitrolombelona c’est une colline habitée par de curieuses statues

Des artistes inspirés y ont représentés des personnages marquants de l’histoire…

...Mais aussi des messages

Ou tout simplement, y ont laissé parler leur « talents »

Indications pour les visiteurs

À la fin de l’ascension, on aperçoit Ambohimanga

Un village coincé entre l’évolution et son caractère rustique

Ce qui m’a le plus interpellé, c’est l’état du paysage

Paysage qui doit être vert de partout, mais par manque de végétation

Ambohimandrosohasina selon l’histoire

Dans le passé, le village se nommait Ambohimarirana, avant que le Roi Andrianampoinimerina le renomma suite à son entreprise de réunification de l’Imerina.

À l’entrée d’Ambohimarirana : le tombeau de Rainikoto

Rainikoto était un fidèle suivant de l’ancien Seigneur des lieux

À la place de l’ancien portail ouest, un nouveau portail plus sûr et moderne en cours de construction

Le hazotokana, une espèce arboricole endémique en danger d’extinction veille sur l’entrée du village

Les fruits du hazotokana

Les premiers Andriana qui occupèrent le village étaient les descendants directs d’ANDRIANAVALONIMERINA, seigneur d’Ambohidrabiby du temps où le royaume de l’Imerina fut partagé en 4 par Andriamasinavalona son père, et de Ranavalotsitakatrinimerina.

Toujours selon l’histoire, issue en grande partie des transmissions orales et des récits familiaux, on notera que des descendants de la dynastie d’ANDRIATSIMITOVIAMINANDRIANDRAZAKA, frère d’Andrianavalonimerina, ont également hérité d’Ambohimarirana.

On raconte que c’est à partir du Roi Andriambelomasina que le lien s’est fait entre cette dynastie et les lieux. En effet, quand Andriatsimitoviaminandriandrazaka (venant d’Ambohimanga) prit le royaume d’Ambohidrabiby, le Roi Andriambelomasina à son tour n’écarta pas les descendants d’Andrianavalonimerina et leur offra 1/5 du territoire Mandiavato, dont le village d’Ambohimarirana.

Le Roi envoya alors ANDRIANJAKAZAFINDRALAMBO (un de ses cadets) épouser un membre du clan  Andrianavalonimerina pour surtout entériner leur alliance. De cette union naîtra notamment RAZAKABEZAFY. De ce fait, Ambohimarirana devint le fief de la dynastie Andrianjakazafindralambo et Andrianavalonimerina.

Plus tard, on retiendra que le jeune Ramboasalama y passa une grande partie de son enfance afin de le préparer à accéder au trône, comme son grand-père Andriambelomasina le prédestinait. C’est également en ces lieux qu’on prépara les manœuvres pour le faire asseoir sur le trône d’Ambohimanga à la place de son oncle Andrianjafy.

Au temps de la reine RANAVALONA II, c’est à Ambohimandrosohasina que fut instauré le premier lieu de réunion où les cultes chrétiens se déroulèrent avant de se propager dans la région.

De Ambohimarirana à Ambohimandrosohasina

Comme dit plus haut, vint l’époque où le Roi Andrianampoinimerina entreprit la réunification de l’Imerina. L’histoire retient alors que Razakabezafy fut l’un des premiers (si ce n’est le tout premier) du clan Andriamasinavalona à reconnaître la souveraineté du grand Roi annoncé de l’Imerina. Le Roi Nampoina se sentant ému par tant de respect décida de lui rendre son respect et son Hasina et lui offrit pleinement le village d’Ambohimarirana. En même temps, on peut facilement en déduire que ce geste est le témoignage de l’affection que porta le Roi pour le village qui l’a vu grandir.

C’est ainsi que pour marquer son acte, le Roi fit ériger deux pierres levées en témoignage de son respect envers Razakabezafy et renomma le village Ambohimandrosohasina (le village où son Hasina fut élevé).

La pierre levée à Ambohimandrosohasina (à noter que sa sœur fut érigée à Ambohinanjakana)

Il est cependant utile de noter que Razakabezafy occupa le village avec ses frères : ANDRIAMPANAVALONA et ANDRIANTSISAHALAINA.

Les personnages marquants d’Ambohimandrosohasina

Depuis ce jour, Razakabezafy devint l’un des fidèles conseillers du Roi Andrianampoinimerina et de surcroît, époux de la sœur unique de ce dernier, la princesse RALESOKA. Razakabezafy eut une très large descendance, cependant, l’histoire (ou ce qu’il en reste) ne permet pas d’affirmer s’il y a eu des enfants de son union avec Ralesoka.

Il ne va pas sans parler notamment de RAMENA, un des fils de Razakabezafy qui, dit-on, aurait calomnié sur une éventuelle relation entre son père et Rabodonimerina. Ce qui entraîna une colère noire du Roi qui ordonna l’exécution de Rabodonimerina, de Ramena et son père par la suite. Razakabezafy fut tué dans la cour sud du village qu’on nomme ANJANAMIHOATRA. Le nom fait référence au fait que c’est Ramena lui-même qui tua son père de ses propres mains avant d’être exécuté sur ordre du Roi.

Parmi les personnages notoires d’Ambohimandrosohasina, on peut citer RABODONIMERINA (une des épouses officielles de Nampoina). À noter que Rabodonimerina est sa cousine maternelle, ce genre d’union étant courant à l’époque surtout dans le cercle du pouvoir. N’ayant pas d’enfants avec le Roi, elle décida d’adopter son neveu RABODOLAHY, qui était dit-on le préféré de Nampoina pour lui succéder. Plus tard, celui-ci épris de jalousie envers Laidama (qui succédera à son père sur le trône) chercha à le tuer avec l’aide de sa mère. Leur tentative ayant échoué, tous deux, mère et fils seront exécutés sur ordre du Roi. Le corps de Rabodonimerina gît à Namehana.

Plus tard, au temps du Roi RADAMA I, un de ses plus estimés chefs de guerre fut ANDRIANAVALONA, fils de Razakabezafy. Quoi qu’il en soit, Andrianavalona fut également celui qui accueillit le Roi Nampoina à quelques encablures du village après l’intronisation de ce dernier. D’où la décision du Roi de nommer l’endroit AMBOHINANJAKANA, (en référence au fait que c’est de là que débute l’étendue de son règne).

Ambohimandrosohasina et faits notoires

Comme chaque village de l’Imerina, Ambohimandrosohasina possède un caractère de sainteté. De ce fait, des tabous et interdits ont été mis en place pour préserver ce Hasina, dont :

1. Le sel

Vivait à Ambohimandrosohasina jadis un respecté parent du nom de RASIRA, le sel littéralement. L’emploi du terme sira au quotidien était comme un affront pour lui, donc il interdira son utilisation, préférant l’appellation « Fanasina ».

2. Le tombeau familial est strictement réservé à la famille

Et quand on dit famille, gendres et brus sont exclus d’office. Selon l’histoire, Andrianavalona (que nous avons évoqué plus haut), figurait parmi les proches du Roi Radama I. A la mort de ce dernier, la reine Ranavalona I fit tuer les membres de la famille, ainsi que les proches du Roi par paranoïa dit-on. Quand le tour de Andrianavalona vint, on raconte que c’est sa propre femme qui orchestra son exécution en complotant dans son dos. Fort heureusement pour lui, cela n’a pas abouti et il fut acquitté.

A cause de cet acte, les tombeaux familiaux d’Ambohimandrosohasina ont exclu les gendres et les brus.

Tombeau familial des descendants

Ambohimandrosohasina de nos jours

Actuellement, Ambohimandrosohasina est un endroit qui semble figé dans le temps, tellement les dimensions du village n’ont pas changé. On y trouve encore les maisons ancestrales où ont vécu les aïeux, mais qui ont tout de même été rénovées pour être encore habitables. On regrettera surtout la maçonnerie en terre cuite traditionnelle qui a été remplacée par des techniques plus modernes. Heureusement que l’architecture de certaines habitations s’est efforcée de rester le plus fidèle possible au modèle d’antan.

Comme tous les lieux historiques en Imerina, on y voit encore les anciens tombeaux, dont le fitomiandalana qui contiennent les ancêtres et fondateurs du village.

Le fitomiandàlana, tombeaux des premiers ancêtres

Côté vestiges, les plus téméraires ne manqueront pas les restes de structures de l’ancien portail envahi par la végétation. Les trois fossés défensifs sont également encore visibles, mais plus pour longtemps si la nature reprend ses droits (ce qui n’est pas plus mal d’un côté disons).

L’entrée d’une ancienne grotte est aussi encore visible, mais malheureusement inaccessible.

Dans un coin du village, on trouve un lien appelé Anjozorondrabiby, car c’est l’endroit où poussait le zozoro, le bois qui servait pour la construction. On raconte que le Roi Rabiby y envoyait régulièrement ses hommes chercher de ce bois pour aménager sa cour.

Un fait qui m’a particulièrement marqué, Ambohimandrosohasina est un l’un des rares endroits de l’Avaradrano où on peut encore apprécier une forêt naturelle, en perdition à cause de nombreux facteurs dont l’indifférence, mais qui fait chaud au cœur.

Et ainsi finit notre escapade dans ces lieux chargés d’histoire que malheureusement je ne puis rapporter dans leur intégralité par manque de sources. J’espère que ces quelques lignes seront un bris primordial dans le grand miroir cassé qu’est l’histoire de l’Imerina.

A quelques encablures d’Ambohimandrosohasina, vous pouvez aussi visiter un autre village tout autant chargé de charme et de culture qu’est Merimandroso. Et pourquoi ne pas poursuivre vers la célèbre colline d’Ambohidrabiby qui recèle une partie considérable de l’histoire de l’Imerina ?

Quelques images pour le plaisir

A bientôt !